dimanche 10 janvier 2016

La Crète - Ile de contrastes et authentique



 Nous quittons Athènes sous la grisaille pour débarquer de bonne heure (après 9 heures de traversée) à Héraklion, capitale de la Crète (avec ses 141 000 habitants). Sortis du port, nous nous arrêtons pour déjeuner puis nous profitons de notre passage dans la "capitale" pour nous ravitailler avant de nous enfoncer dans l'intérieur de l'île.

Nous roulons sous une pluie fine et froide, quittons les grands axes pour arriver au village de Zaros, endroit où se trouve la source d'eau Zaros (eau "nationale" de Crète).

Le Votomous au petit matin
Nous nous installons près du lac de Votomos (ou Votomous). C'est un petit lac artificiel niché au pied des montagnes crétoises, dans le massif du Psiloritis plus précisément. Le mont Psiloritis est le sommet le plus haut de Crète et culmine à 2 454m.

Ce petit lac se trouve aussi au début de la randonnée qui dessert les gorges de Rouvas. Le lendemain, le soleil a chassé tous les nuages et nous pouvons admirer les montagnes environnantes qui se sont chargées de la première neige de la saison lors de l'épisode de mauvais temps de ces derniers jours.

Le monastère à l'entrée du canyon
Nous profitons de la clémence du temps pour chausser les chaussures de randonnée et nous aventurer dans les gorges de Rouvas. Il nous faut d'abord passer près du monastère Agios Nikolaos (St Nicolas), puis nous enfoncer à travers un canyon que les rayons du soleil illuminent d'une lumière crue et chaude. Après ces quelques jours de mauvais temps et de froid, c'est avec bonheur que nous cheminons sous un soleil radieux. Nous cheminons, sur le chemin des chèvres (il y en a partout, à droite, à gauche, devant derrière - un cauchemar à la Hitchcock et ses oiseaux), bordé de thym, de marjolaine et de romarin dont la chaleur du soleil réveille leurs essences et parfument notre montée dans le canyon.

Pas facile avec mes jambes de 6 ans !

En haut de la cascade
Enfin, nous arrivons au bout du canyon et commençons à remonter les gorges. Nous devons rapidement faire demi tour car il faut du matériel pour franchir les anciennes cascades. Sur le retour, Stéphanie ponctue notre descente d'une cascade et se fait mal à un pied. Notre descente s'en trouve ralentie, mais plus de peur que de mal (quelques jours de repos et tout est reparti).

Le port de Kokkinos pirgos
Comme nous avons décidé de rester trois semaines en Crète, nous traînons. Ainsi, après Zaros, nous allons vers la côte sud de l'île. Nous bivouaquons une nuit à Kalamaki, puis nous repartons en direction de Timbaki et d'Agia Galini. A la sortie de Timbaki, nous trouvons une plage et un port avec un parking abrité (et surtout de l'eau). Nous nous installons. A peine installé, nous faisons connaissance avec des français et autres étrangers (anglais). Le séjour s'annonce bien. Nous resterons à Kokkinos Pirgos durant une semaine avec l'envie de s'arrêter, voire de s'installer ici tant le paysage et les gens sont merveilleux.

Vue panoramique des environs
Psiloritis sous la neige

Fin d'après-midi sous le Psiloritis
Nous passons le temps en nous promenant dans les environs, avec ou sans Antipode. Les paysages, entre terre et montagne, sont magnifiques.

La tranquillité du petit port nous a aussi séduite. Nous nous essayons encore une fois à la pêche et finissons par attraper un autre poisson, qui finira avec les deux autres que nous avons déjà.

Au bout d'une semaine, nous décidons de quitter notre "maison" pour visiter la côte nord de l'île. Nous retraversons la montagne pour rejoindre Rethymno, ville où se trouve un camping possédant des "washing machine". Arrivés au dit camping, le lieu a l'air abandonné, rempli de moustiques et très peu engageant. Par la même occasion, nous faisons connaissance avec la côte nord de l'île. Si la côte sud est sauvage, la côte nord ressemble à une immense station balnéaire où trônent d'immenses complexes hôteliers et touristiques. Comme nous sommes hors saison, ces ensembles sont tous fermés et nous donnent l'impression de rouler à travers des villes désertes.

Nous continuons notre route vers l'ouest et arrivons à Xania (La Canée). L'exiguïté des rues nous empêche de circuler correctement et de profiter de cette ville. Nous repartons pour retourner sur la côte sud, à Paléochora.

Dernière baignade de l'année
Nous trouvons un camping (officiellement fermé, mais ouvert et tenu à l'occasion par un allemand en séjour de longue durée). Nous nous installons et profitons de la "washing machine". Le beau temps permet au linge de sécher rapidement.

La ville de Paléochora est une ville très prisée en hiver par les allemands qui viennent y séjourner durant la mauvaise saison. De nombreux anglais résident aussi à Paléochora. C'est une ville charmante que nous apprécions et adoptons tout de suite.

En route vers le bout du monde
Les lessives étant finies, le linge sec, nous quittons le camping et nous engageons sur une piste carrossable, au bout de Paléochora, pour nous échouer sur une plage, loin du monde et proche des chèvres.

Notre bivouac se trouve sur le passage du chemin de randonnée E4. Ce chemin est le plus long chemin randonnée avec ses plus de 10 000kms (du Portugal jusqu'en Crète en passant par la France, la Suisse, l'Autriche et d'autres pays européens).

Sur le sentier E4

Entre mer et montagnes
En cet avant dernier jour de l'année, nous rechaussons les chaussures et nous partons (avec le pique nique) sur le chemin. Le temps est au beau fixe et nous encore une fois, nous serpentons à flanc de côte à travers les essences traditionnelles du sud (pins, et autres plantes aromatiques). Nous apprécions d'être en pleine nature, loin de tous, en famille, à partager un moment inoubliable. Nous progressons entre mer et montagne sans croiser âme qui vive. En nous, flotte un parfum de bout du monde, un sentiment de hors du temps.

De retour, nous décidons de quitter notre campement pour revenir près de la civilisation car de la pluie est annoncée pour la fin de la journée et nous ne voudrions pas rester embourbés.

Nous passons la nuit à Xania, puis le lendemain, nous nous installons sur un parking à Héraklion. Le temps est passé en version mauvais avec une vague de froid. C'est avec cette météo, que nous changeons d'année en écoutant Jacques Brel, Léo Ferré, Jean Ferrat, les Georges (Brassens et Moustaki) et autres chanteurs décalés.

Avis de tempête sur Héraklion

Heraklion sous des couleurs hivernales
Lors d'une accalmie, nous en profitons pour découvrir l'intérieur de la ville.

Le lac à l’intérieur de la ville
Puis, nous quittons Héraklion pour visiter la ville d'Agios Nikolaos, située au nord-est de l'île. La ville est surtout connue pour son lac intérieur. C'est un petit lac qui est relié à la mer. La ville est quelconque et surtout, il fait froid et il pleut. Nous repartons en direction d'Héraklion.

Le désert hôtelier
En longeant la mer, nous traversons des villages hôteliers désertés de leurs meutes de touristes. Nous avons l'impression de nous retrouver dans un des ces anciens westerns hollywoodiens lorsque les cow-boys traversent des villes désertes. Ces ensembles (tous aussi laids les un que les autres, sans âmes) s'étirent sur des kilomètres. Nous finissons par trouver un emplacement en bord de plage et nous nous posons. Décidément la côte nord n'est pas faite pour nous !!! Véritable contraste entre le nord qui a répondu aux sirènes du capitalisme et du tourisme de masse et la côte sud où l'authenticité n'est pas un produit marketing mais un art de vivre, où la côte est protégée des troupeaux de touristes.

Knossos version touristes
Le beau temps revenu, nous retournons sur Héraklion pour visiter Knossos, le palais du roi Minos. Il paraît que c'est une hérésie d'aller en Crète et de ne pas visiter Knossos. Pour nous, l'hérésie, c'est le site lui-même, la restauration du site plus précisément. Le site, fouillé par Arthur Evans, est en fait un palais immense avec à l'époque pas loin de 1 300 pièces. Evans a décidé de reconstruire une partie du palais en y mêlant ses idées. Nous nous retrouvons dans un site où il est impossible de savoir où se trouve la limite entre la réalité et les fantaisies de rénovation d'Evans. Nous déambulons, encore une fois, dans un de ces vieux films hollywoodiens, des péplums des années cinquante tourné à Cinecitta !!!

La double hache minoenne, symbole religieux

Le taureau, autre symbole de la culture minoenne

Les déesses serpent
Heureusement, nous avons pris un billet combiné avec le musée archéologique. Le tout nouveau musée (il a rouvert en 2014 après 8 années de travaux) est un bijou, tout comme les oeuvres qu'ils renferment. Nous déambulons de vitrines en vitrines, tous émerveillés par la qualité des objets présentés et la diversité aussi. Nous voyageons à travers la civilisation minoenne et découvrons une civilisation passée maître dans le travail de l'or et de la pierre avec une cosmogonie riche et complexe. Nous admirons aussi le fameux disque de Faistos, disque d'argile recouvert sur ses deux faces de symboles s'apparentant à une écriture primitive et encore indéchiffrés de nos jours. Le musée rattrape le site en lui même (merci Evans de ne pas avoir abîmé les objets trouvés).

Pour nos derniers jours, et comme le beau temps a l'air de s'installer, nous repartons sur la côte sud.

Faistos, un site minoen non revisité

Les jarres, dites pithoi
Avant d'arriver à Kokkions Pirgos, nous nous arrêtons pour visiter le site de Faistos, l'autre grand site minoen de Crète. Ce palais appartenait au frère du roi Minos, Rhadamante. Ce palais, n'a pas subi les assauts d'Evans et est resté en l'état. C'est avec plaisir que nous nous promenons à l'intérieur des ces ruines, nettement mieux conservées que celles de Knossos. Le site est en perpétuelles fouilles. Nous pouvons ainsi admirer des jarres immenses dans les magasins et d'autres traces de la civilisation minoenne. Ici, ne se pose pas la question du délire d'un homme et de la réalité, tout est resté intact.

Bénédiction de l'Epiphanie
Nous profitons de notre dernier passage à Kokkinos Pirgos pour assister à la cérémonie de l'Epiphanie orthodoxe. Il s'agit en fait d'une bénédiction de la mer avec des plongeurs qui plongent pour récupérer une croix que l'on récupère avec une corde. La bénédiction est suivie d'une messe dans l'église du coin.

Nous passons notre dernière journée en Crète à Héraklion. Nous effectuons quelques achats puis nous prenons la route vers le port pour monter dans le ferry qui nous ramène vers le continent pour de nouvelles aventures avec un rebondissement de taille !!!

A suivre !!!

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