mercredi 3 octobre 2018

Infidélité sur l'EV6 en Hongrie !!!

Nous quittons Sombor après avoir réparé une crevaison sur le Vél'Antipodes de l'antipodien sénior mâle !!!

Le temps s'est amélioré, les nuages font place au soleil et nous roulons vers la frontière serbo-hongroise. Nous roulons sur des routes peu passantes, quelques voitures, rien de plus.

Nous atteignons la frontière en début d'après-midi. Nous passons la frontière serbe sans encombres. Puis nous nous dirigeons vers le poste frontière hongrois.

D'emblée, nous sommes saisis par les grillages et barbelés neufs qui forment la frontière. Trump en a rêvé, Orban l'a fait !!! C'est un véritable mur de fer qui ferme la frontière. En plus de toute cette ferraille clinquante et rutilante, il faut ajouter les pick-up de la police qui tournent en permanence avec les cages pour les chiens dans la benne arrière !!! On a l'impression d'être dans un film aux accents hollywoodiens !!!

Nous présentons nos passeports au douanier de faction à l'entrée du camp "Welcome en Ungary". Pas un mot de sa part, pas de sourires. Super l'ambiance de l'autre côté du rideau bling bling !!! Il nous rend nos passeports. Nous souhaitons nous éloigner à grands coups de pédales de ce lieu peu rassurant. Nous voulons partir mais le douanier a oublié d'ouvrir la barrière. Au bout de quelques minutes, voyant que nous sommes toujours là à attendre son bon vouloir, il réalise son erreur et ouvre la barrière, toujours sans un mot, sans excuses ou quoi que se soit !!!

Un air d'antan
Nous sommes en Hongrie !!! Chic pourrait-on dire ? On se regarde et disons que notre passage sera assez rapide si tout le pays est à l'image des quelques minutes que nous venons de vivre !!!

Nous nous éloignons de la cloison anti migrants d'Orban en croisant les voitures de police qui patrouillent et nous regardent comme des migrants qui ont réussi à passer leur mur de la honte !!!

Nous finissons par trouver un camping pour dormir. Il nous faut aller à l'hôtel pour se faire faire enregistrer (l'hôtel a été réquisitionné pour accueillir des renforts de la police des frontières - l'ambiance camp d'internement continue !!!).

Le soir, en planifiant la journée du lendemain, Stéphanie propose d'être infidèle au tracé de l'EV6, fidèle fil rouge que nous suivons depuis notre sortie de Bulgarie. Nous avons déjà visité Budapest, nous avons déjà visité l'Est de la Hongrie (avec les vignobles de Tokay) mais nous n'avons jamais fait l'ouest avec le lac Balaton. La décision est prise, plutôt que suivre les digues qui longent le Danube (et les gardes frontières qui patrouillent non loin du Danube), nous choisissons de passer le lac Balaton.

Exit les rives du Danube et ses digues planes, nous allons avoir du relief et du dénivelé pour nous faire les jambes !!!

En traversant, nous voilà infidèles à l'EV6 !!!
Dès le lendemain, nous quittons l'EV6, prenons un bateau pour traverser le fleuve et roulons en direction du lac Balaton. Nous cherchons désespérément un magasin pour faire les courses, mais il n'y a rien dans les villages que nous traversons. Heureusement que nous avons un stock de survie dans les sacoches et donc, nous puisons dans celui-ci pour le repas du midi.

En quittant l'EV6, nous quittons aussi un certain confort pour rouler, nous avons abandonné les digues et chemins réservés aux vélos pour les routes. Nous avons opté pour un itinéraire empruntant les petites routes. Nous avançons à un bon rythme. Mais notre cadence va s'effondrer à cause d'un élément extérieur que nous appellerons PVTG (Putain de Vent dans Ta Gueule !!!). Nous subissons un PVTG de 30 km/h de face qui nous oblige à revoir notre route pour dormir.

Nous changeons de plan, et terminons notre journée à Bataszèk. La ville a l'air sympa mais il n'y a rien pour dormir sauf un vieux motel pour routier qui a l'air d'être abandonné !!! Nous décidons de tenter notre chance dans ce motel digne d'un film d'horreur des années 70 !!! Nous sommes accueillis par le patron, un jeune d'une trentaine d'années qui nous indique qu'il y a une chambre qui peut nous accueillir mais il n'y a que 3 lits. Nous discutons et lui expliquons que ce n'est pas grave, nous avons des matelas et qu'un des enfants peut dormir parterre sur un matelas. Nous emportons la manche et montons dans notre lieu de villégiature d'une soirée. Notre chambre, telle une capsule temporelle, nous transporte dans un autre monde où se côtoie toxicos et alcolos à la dérive, sensation de vieux film américain glauque de série B avec un budget de SDF !!!

Le camp des bleus, naufragés du PVTG
Nous nous installons, nous installons aussi les vélos dans la salle de restaurant qui ne sert plus depuis longtemps, puis nous redescendons voir le match France-Argentine. Sur la terrasse, deux clans se dessinent, d'un côté les hongrois et de l'autre les 4 français, naufragés d'un PVTG, d'un côté les supporters argentins, de l'autre les 4 supporters français. La bonne humeur hongroise fait rapidement place à une mine renfrognée, faute à leurs idoles d'outre-Atlantique incapables de contenir la marée bleue (petit moment de chauvinisme !!!).

Avec la fin du match et la défaite des supporters locaux, nous nous dirigeons vers le centre ville car aujourd'hui, c'est la fête avec concert et feu d'artifice. Nous sommes rapidement au centre ville et déambulons dans les divers stands qui proposent toutes choses.

C'est la fête au village !!!
Non seulement l'Argentine a perdu mais cette victoire nous a ouvert l'appétit, comme les bleus, nous avons une faim de loup. Mais que manger? Tout est écrit en hongrois, cette belle langue parlée que par les hongrois et compréhensible que par les hongrois, en bref, un truc fait par des hongrois pour des hongrois et pas pour des étrangers !!! Décidément, ce pays est difficile à appréhender (ne vous méprenez pas, nous aimons bien la Hongrie). Nous choisissons notre nourriture suivant ce que choisissent ceux qui commandent devant nous. C'est ainsi qu'on se retrouve avec une sorte de pizza dont la pâte est cuite à la friteuse et qu'on garnie ensuite avec du beurre à l'ail, puis de la crème aigre et enfin du fromage râpé !!! Et bien, c'est super bon ce truc qu'ils appellent "langos", toutefois on n'ira pas jusqu'à tenter la version sucrée (la même chose, pâte frite avec de la confiture ou du chocolat dessus). Après ça, tu n'as plus faim. Nous jetons un coup d'oeil au concert qui commence puis comme la fatigue arrive, nous retournons dans notre motel "red is dead" (expression familiale tirée du film de "Les Nuls" - pas de définition possible car il faut vivre le "red is dead"). Demain, nous attaquons la montée vers le lac Balaton.

Le lendemain, le vent a nettement diminué, ce qui nous permet de rouler à un bon rythme bien que le dénivelé commence à augmenter. Nous sommes un peu plus chargés que la veille car nous avons pu nous ravitailler auprès du magasin SPAR, ouvert le dimanche matin mais fermé le samedi après-midi !!! En Hongrie, les magasins ferment tous le samedi vers 11h00 du matin pour ne rouvrir que le matin ou à de rares exceptions (grandes enseignes) le dimanche matin. En général, les magasins ouvrent tôt le matin entre 06h00 et 07h00 pour fermer tôt dans l'après-midi. Nous avons même vu des magasins qui ouvraient à 05h30 pour fermer à 13h00 !!!

En route vers Balaton
Alors, malgré le vent résiduel et notre chargement en victuailles, nous gardons une bonne cadence. Le soleil est aussi de la partie, ce qui nous laisse entrevoir une journée chaude, constat qui se révèlera être vrai !!! Nous nous arrêtons en fin de journée complètement rincé par cette chevauchée dominicale (surtout nous les vieux antipodiens, car en ce qui concerne le junior n°2 - Baptiste - il continuera à faire des tours de vélos dans le camping !!!). Nous sommes satisfaits de notre journée car nous avons traversé de charmants villages hongrois, totalement différent de ce que nous avions vu jusqu'à présent.

J'ai pas assez pédalé, alors je continue !!!
Le vert du maïs tranche avec le jaune des tournesols
Après une nuit réparatrice, nous avons repris notre route vers le plus grand point d'eau douce de le Hongrie avec parfois une pente un peu plus raide et un itinéraire très passant (les vacances ont débutées et avec elles son flot de touristes convergeant vers le lac).

Voguons sur sur le maïs
Enfin, nous quittons la grande route pour une piste cyclable qui nous amène aux abords du lac Balaton. Mais avant de rejoindre celui-ci, il nous faut contourner une autoroute, une route express, une voie ferrée et le centre ville de Siofok !!! Une sorte "d'escape game" à la hongroise avec un GPS difficile.

Finalement, nous triomphons et arrivons sur les bords dudit plan d'eau. Nous nous apercevons que les rives du lac ne sont qu'une énorme station balnéaire avec résidences hôtelières, boîtes de nuit, bar à touristes, restos à touristes et campings.

Balaton, nous voilà !!!
Nous faisons un petit tour sur la berge du lac avant de nous rendre vers le camping que nous avons choisi, légèrement à l'écart des trucs à touristes. En fait, les touristes sont à l'intérieur du camping !!! Nous finissons par planter les tentes sur un endroit réservé aux courts séjours, un bout de terre sans ombre où ils parquent les tentes !!! Nous ne sommes pas loin des sanitaires et de la piscine, objet de tous les désirs de nos deux juniors, qui s'empresseront de mettre leur maillot et de filer dans la baignoire géante du camping.

Tranquillité, non grosse chaleur !!!
C'est la période des vacances et jusqu'à présent nous étions habitués à ne rencontrer quasiment personne dans les campings, à être tranquille le soir (car les cyclorandonneurs se couchent tôt et se lèvent tôt). Ce n'est plus le cas, il y a plein de monde .... en vacances avec des horaires de vacanciers. Nous ferons avec pour le restant du voyage.

Siofok
Nous avons décidé de nous octroyer une journée de repos. Nous consacrons cette journée à la visite de la ville de Siofok, des abords du lac et au ravitaillement en combustible pour le réchaud.

Fin de journée sur le lac
Nous finissons par trouver ce qui nous faut pour faire fonctionner le réchaud à essence (jusqu'à présent, nous avions une bouteille de gaz - c'est un réchaud multi combustible). De retour au camping, je commence à démonter le réchaud pour changer le gicleur (en suivant scrupuleusement les instructions de la notice d'utilisation) avant d'effectuer les essais avec de l'essence. Je termine l'étape 1 et ai la sensation avant de passer à l'étape 2 qu'une pièce est tombée lorsque j'ai dévissé la coupelle du dessous. Je lis le début de l'étape 2 qui me dit de faire attention à ne pas perdre l'aiguille de secouage qui se trouve à l'intérieur de la coupelle !!! Tilt, je comprends que la pièce qui est tombée porte le patronyme d'aiguille de secouage !!! Me voilà ensuite pendant plus d'une heure à 4 pattes en train de chercher une aiguille dans une botte de foin (une pièce qui a la taille d'une rognure d'ongle !!!). J'ai eu beau couper l'herbe au couteau aux alentours de l'endroit où j'ai senti quelque chose tombé, je ne l'ai pas retrouvé. Ce que j'ai retrouvé par contre, c'est le vent qui décoiffe les cheveux lorsque tu pédales à toute vitesse vers le seul magasin qui vend des réchauds de camping !!! Nous continuerons donc le voyage avec deux réchauds, un d'une grande marque française qui ne fonctionne qu'avec les bouteilles de cette marque et un réchaud d'une marque internationale qui fonctionne partout avec tout plein de combustible différents mais seulement quand il est entier !!! En tout cas, nous avons mangé chaud ce soir-là bien que c'était mal prévu au départ !!!

Mer jaune et verte qui borde la route
Après notre journée de repos, nous avons repris la route vers Györ, ville que nous avions déjà visitée deux ans auparavant lors de notre transhumance vers Varna. C'est une ville charmante que nous aimons, principalement pour son centre ville historique.

Sur la route de Györ
Mais avant de rejoindre Györ, il nous faut suivre une route nationale très fréquentée. Nous devons redoubler d'attention mais le paysage en vaut la chandelle. Nous avons l'impression de naviguer dans une mer d'or et d'émeraude tant les bords de route sont bordés de tournesols en fleur. Nous continuons aussi à traverser de charmantes villes et villages tout aussi tranquille que les tournesols qui ondulent sous la brise et donnent l'impression d'être vivants. Nous sommes sous le charme de cet aspect de la campagne hongroise.

Toujours sur la mer verte et jaune
Après être montés, nous descendons pour rejoindre Györ, qui se trouve tout proche du Danube. Nous allons vers le même camping que la dernière fois (un peu moins "red is dead" car il a subi des rénovations).

A peine installés, nous remontons en selle pour aller faire un tour en centre ville et déambuler dans ses vieilles rues qui ont conservées le charme de l'Empire austro-hongrois. Nous aimons cette ville. Le soir, nous sacrifions au rituel de Györ, manger autour du feu qui a fait cuire nos aliments, un BBQ tout simplement.

Györ, le centre ville

Dans le centre historique

Vers l'évêché de Györ

Lutin casqué sur la grand'place
Nous ne restons qu'une nuit et reprenons la route le lendemain pour nous diriger vers la frontière slovaque. C'est à Györ que nous retrouvons aussi l'EV6, que nous avions abandonnée quelques jours plus tôt.

Nous retrouvons les pistes cyclables et les cyclistes de l'EV6, ce qui est nouveau pour nous car nous n'en avions pas rencontré beaucoup depuis notre départ. Il faut dire que nous sommes sur le tronçon qui relie Vienne et Budapest.

Dernière nuit en Hongrie
Nous longeons les routes grâce aux pistes cyclables et avançons en direction de la frontière. Le soir, nous passons une dernière nuit à Rajka. Le temps devenu menaçant dans l'après-midi, devient vraiment furieux en début de soirée et laisse manifester sa colère en la déversant durant un orage. Comme c'est le soir, nous savons déjà que nous plierons les affaires mouillées le lendemain matin en quittant le camping.

Nous plions effectivement les affaires mouillées, nous les ferons sécher lors de notre prochaine étape.

Plus que quelques kilomètres en Hongrie et nous passons, sans nous en apercevoir, en Slovaquie. Comme quoi, il est plus facile de quitter la Hongrie que d'y rentrer !!! Pas de barrière métallique, pas de douaniers, pas de chiens, .... rien qui matérialise la frontière.

Bratislava, capitale slovaque
L'EV6, nous conduit tout droit à Brastislava, ville que nous avions visitée l'année précédente. Nous ne ferons qu'une halte en Slovaquie (en plus des pauses pipis) pour nous restaurer dans un restaurant typique du centre ville, un restau de la chaîne du clown aux arches d'or !!!

Après ces agapes slovaquo-américaines, nous continuons notre route vers le prochain pays, celui qui pleut tout le temps lorsque nous y sommes, l'Autriche.

Alors, me direz-vous, pluie ou pas pluie ?

La réponse pour bientôt.