Le temps s'est amélioré, les
nuages font place au soleil et nous roulons vers la frontière serbo-hongroise.
Nous roulons sur des routes peu passantes, quelques voitures, rien de plus.
Nous atteignons la frontière en
début d'après-midi. Nous passons la frontière serbe sans encombres. Puis nous
nous dirigeons vers le poste frontière hongrois.
D'emblée, nous sommes saisis par
les grillages et barbelés neufs qui forment la frontière. Trump en a rêvé,
Orban l'a fait !!! C'est un véritable mur de fer qui ferme la frontière. En
plus de toute cette ferraille clinquante et rutilante, il faut ajouter les
pick-up de la police qui tournent en permanence avec les cages pour les chiens
dans la benne arrière !!! On a l'impression d'être dans un film aux accents
hollywoodiens !!!
Nous présentons nos passeports au
douanier de faction à l'entrée du camp "Welcome en Ungary". Pas un mot
de sa part, pas de sourires. Super l'ambiance de l'autre côté du rideau bling
bling !!! Il nous rend nos passeports. Nous souhaitons nous éloigner à grands
coups de pédales de ce lieu peu rassurant. Nous voulons partir mais le douanier
a oublié d'ouvrir la barrière. Au bout de quelques minutes, voyant que nous
sommes toujours là à attendre son bon vouloir, il réalise son erreur et ouvre
la barrière, toujours sans un mot, sans excuses ou quoi que se soit !!!
Un air d'antan |
Nous sommes en Hongrie !!! Chic
pourrait-on dire ? On se regarde et disons que notre passage sera assez rapide
si tout le pays est à l'image des quelques minutes que nous venons de vivre !!!
Nous nous éloignons de la cloison
anti migrants d'Orban en croisant les voitures de police qui patrouillent et
nous regardent comme des migrants qui ont réussi à passer leur mur de la honte
!!!
Nous finissons par trouver un
camping pour dormir. Il nous faut aller à l'hôtel pour se faire faire
enregistrer (l'hôtel a été réquisitionné pour accueillir des renforts de la
police des frontières - l'ambiance camp d'internement continue !!!).
Le soir, en planifiant la journée
du lendemain, Stéphanie propose d'être infidèle au tracé de l'EV6, fidèle fil
rouge que nous suivons depuis notre sortie de Bulgarie. Nous avons déjà visité
Budapest, nous avons déjà visité l'Est de la Hongrie (avec les vignobles de
Tokay) mais nous n'avons jamais fait l'ouest avec le lac Balaton. La décision
est prise, plutôt que suivre les digues qui longent le Danube (et les gardes
frontières qui patrouillent non loin du Danube), nous choisissons de passer le
lac Balaton.
Exit les rives du Danube et ses
digues planes, nous allons avoir du relief et du dénivelé pour nous faire les
jambes !!!
En traversant, nous voilà infidèles à l'EV6 !!! |
Dès le lendemain, nous quittons
l'EV6, prenons un bateau pour traverser le fleuve et roulons en direction du
lac Balaton. Nous cherchons désespérément un magasin pour faire les courses,
mais il n'y a rien dans les villages que nous traversons. Heureusement que nous
avons un stock de survie dans les sacoches et donc, nous puisons dans celui-ci
pour le repas du midi.
En quittant l'EV6, nous quittons
aussi un certain confort pour rouler, nous avons abandonné les digues et
chemins réservés aux vélos pour les routes. Nous avons opté pour un itinéraire
empruntant les petites routes. Nous avançons à un bon rythme. Mais notre
cadence va s'effondrer à cause d'un élément extérieur que nous appellerons PVTG
(Putain de Vent dans Ta Gueule !!!). Nous subissons un PVTG de 30 km/h de face qui nous
oblige à revoir notre route pour dormir.
Nous changeons de plan, et
terminons notre journée à Bataszèk. La ville a l'air sympa mais il n'y a rien
pour dormir sauf un vieux motel pour routier qui a l'air d'être abandonné !!!
Nous décidons de tenter notre chance dans ce motel digne d'un film d'horreur
des années 70 !!! Nous sommes accueillis par le patron, un jeune d'une
trentaine d'années qui nous indique qu'il y a une chambre qui peut nous
accueillir mais il n'y a que 3 lits. Nous discutons et lui expliquons que ce
n'est pas grave, nous avons des matelas et qu'un des enfants peut dormir
parterre sur un matelas. Nous emportons la manche et montons dans notre lieu de
villégiature d'une soirée. Notre chambre, telle une capsule temporelle, nous
transporte dans un autre monde où se côtoie toxicos et alcolos à la dérive,
sensation de vieux film américain glauque de série B avec un budget de SDF !!!
Le camp des bleus, naufragés du PVTG |
Nous nous installons, nous
installons aussi les vélos dans la salle de restaurant qui ne sert plus depuis
longtemps, puis nous redescendons voir le match France-Argentine. Sur la
terrasse, deux clans se dessinent, d'un côté les hongrois et de l'autre les 4
français, naufragés d'un PVTG, d'un côté les supporters argentins, de l'autre
les 4 supporters français. La bonne humeur hongroise fait rapidement place à
une mine renfrognée, faute à leurs idoles d'outre-Atlantique incapables de
contenir la marée bleue (petit moment de chauvinisme !!!).
Avec la fin du match et la
défaite des supporters locaux, nous nous dirigeons vers le centre ville car
aujourd'hui, c'est la fête avec concert et feu d'artifice. Nous sommes
rapidement au centre ville et déambulons dans les divers stands qui proposent
toutes choses.
C'est la fête au village !!! |
Non seulement l'Argentine a perdu
mais cette victoire nous a ouvert l'appétit, comme les bleus, nous avons une
faim de loup. Mais que manger? Tout est écrit en hongrois, cette belle langue
parlée que par les hongrois et compréhensible que par les hongrois, en bref, un
truc fait par des hongrois pour des hongrois et pas pour des étrangers !!! Décidément,
ce pays est difficile à appréhender (ne vous méprenez pas, nous aimons bien la
Hongrie). Nous choisissons notre nourriture suivant ce que choisissent ceux qui
commandent devant nous. C'est ainsi qu'on se retrouve avec une sorte de pizza
dont la pâte est cuite à la friteuse et qu'on garnie ensuite avec du beurre à
l'ail, puis de la crème aigre et enfin du fromage râpé !!! Et bien, c'est super
bon ce truc qu'ils appellent "langos", toutefois on n'ira pas jusqu'à
tenter la version sucrée (la même chose, pâte frite avec de la confiture ou du
chocolat dessus). Après ça, tu n'as plus faim. Nous jetons un coup d'oeil au
concert qui commence puis comme la fatigue arrive, nous retournons dans notre motel
"red is dead" (expression familiale tirée du film de "Les
Nuls" - pas de définition possible car il faut vivre le "red is
dead"). Demain, nous attaquons la montée vers le lac Balaton.
Le lendemain, le vent a nettement
diminué, ce qui nous permet de rouler à un bon rythme bien que le dénivelé
commence à augmenter. Nous sommes un peu plus chargés que la veille car nous
avons pu nous ravitailler auprès du magasin SPAR, ouvert le dimanche matin mais
fermé le samedi après-midi !!! En Hongrie, les magasins ferment tous le samedi
vers 11h00 du matin pour ne rouvrir que le matin ou à de rares exceptions
(grandes enseignes) le dimanche matin. En général, les magasins ouvrent tôt le
matin entre 06h00 et 07h00 pour fermer tôt dans l'après-midi. Nous avons même
vu des magasins qui ouvraient à 05h30 pour fermer à 13h00 !!!
En route vers Balaton |
Alors, malgré le vent résiduel et
notre chargement en victuailles, nous gardons une bonne cadence. Le soleil est
aussi de la partie, ce qui nous laisse entrevoir une journée chaude, constat
qui se révèlera être vrai !!! Nous nous arrêtons en fin de journée complètement
rincé par cette chevauchée dominicale (surtout nous les vieux antipodiens, car
en ce qui concerne le junior n°2 - Baptiste - il continuera à faire des tours
de vélos dans le camping !!!). Nous sommes satisfaits de notre journée car nous
avons traversé de charmants villages hongrois, totalement différent de ce que
nous avions vu jusqu'à présent.
J'ai pas assez pédalé, alors je continue !!! |
Le vert du maïs tranche avec le jaune des tournesols |
Après une nuit réparatrice, nous
avons repris notre route vers le plus grand point d'eau douce de le Hongrie
avec parfois une pente un peu plus raide et un itinéraire très passant (les
vacances ont débutées et avec elles son flot de touristes convergeant vers le
lac).
Voguons sur sur le maïs |
Enfin, nous quittons la grande
route pour une piste cyclable qui nous amène aux abords du lac Balaton. Mais
avant de rejoindre celui-ci, il nous faut contourner une autoroute, une route
express, une voie ferrée et le centre ville de Siofok !!! Une sorte
"d'escape game" à la hongroise avec un GPS difficile.
Finalement, nous triomphons et
arrivons sur les bords dudit plan d'eau. Nous nous apercevons que les rives du
lac ne sont qu'une énorme station balnéaire avec résidences hôtelières, boîtes
de nuit, bar à touristes, restos à touristes et campings.
Balaton, nous voilà !!! |
Nous faisons un petit tour sur la
berge du lac avant de nous rendre vers le camping que nous avons choisi,
légèrement à l'écart des trucs à touristes. En fait, les touristes sont à
l'intérieur du camping !!! Nous finissons par planter les tentes sur un endroit
réservé aux courts séjours, un bout de terre sans ombre où ils parquent les
tentes !!! Nous ne sommes pas loin des sanitaires et de la piscine, objet de
tous les désirs de nos deux juniors, qui s'empresseront de mettre leur maillot
et de filer dans la baignoire géante du camping.
Tranquillité, non grosse chaleur !!! |
C'est la période des vacances et
jusqu'à présent nous étions habitués à ne rencontrer quasiment personne dans
les campings, à être tranquille le soir (car les cyclorandonneurs se couchent
tôt et se lèvent tôt). Ce n'est plus le cas, il y a plein de monde .... en
vacances avec des horaires de vacanciers. Nous ferons avec pour le restant du
voyage.
Siofok |
Nous avons décidé de nous
octroyer une journée de repos. Nous consacrons cette journée à la visite de la
ville de Siofok, des abords du lac et au ravitaillement en combustible pour le
réchaud.
Fin de journée sur le lac |
Nous finissons par trouver ce qui
nous faut pour faire fonctionner le réchaud à essence (jusqu'à présent, nous
avions une bouteille de gaz - c'est un réchaud multi combustible). De retour au
camping, je commence à démonter le réchaud pour changer le gicleur (en suivant
scrupuleusement les instructions de la notice d'utilisation) avant d'effectuer
les essais avec de l'essence. Je termine l'étape 1 et ai la sensation avant de
passer à l'étape 2 qu'une pièce est tombée lorsque j'ai dévissé la coupelle du
dessous. Je lis le début de l'étape 2 qui me dit de faire attention à ne pas
perdre l'aiguille de secouage qui se trouve à l'intérieur de la coupelle !!!
Tilt, je comprends que la pièce qui est tombée porte le patronyme d'aiguille de
secouage !!! Me voilà ensuite pendant plus d'une heure à 4 pattes en train de
chercher une aiguille dans une botte de foin (une pièce qui a la taille d'une
rognure d'ongle !!!). J'ai eu beau couper l'herbe au couteau aux alentours de
l'endroit où j'ai senti quelque chose tombé, je ne l'ai pas retrouvé. Ce que j'ai
retrouvé par contre, c'est le vent qui décoiffe les cheveux lorsque tu pédales
à toute vitesse vers le seul magasin qui vend des réchauds de camping !!! Nous
continuerons donc le voyage avec deux réchauds, un d'une grande marque
française qui ne fonctionne qu'avec les bouteilles de cette marque et un
réchaud d'une marque internationale qui fonctionne partout avec tout plein de
combustible différents mais seulement quand il est entier !!! En tout cas, nous
avons mangé chaud ce soir-là bien que c'était mal prévu au départ !!!
Mer jaune et verte qui borde la route |
Après notre journée de repos,
nous avons repris la route vers Györ, ville que nous avions déjà visitée deux
ans auparavant lors de notre transhumance vers Varna. C'est une ville charmante
que nous aimons, principalement pour son centre ville historique.
Sur la route de Györ |
Mais avant de rejoindre Györ, il
nous faut suivre une route nationale très fréquentée. Nous devons redoubler
d'attention mais le paysage en vaut la chandelle. Nous avons l'impression de
naviguer dans une mer d'or et d'émeraude tant les bords de route sont bordés de
tournesols en fleur. Nous continuons aussi à traverser de charmantes villes et
villages tout aussi tranquille que les tournesols qui ondulent sous la brise et
donnent l'impression d'être vivants. Nous sommes sous le charme de cet aspect
de la campagne hongroise.
Toujours sur la mer verte et jaune |
Après être montés, nous
descendons pour rejoindre Györ, qui se trouve tout proche du Danube. Nous
allons vers le même camping que la dernière fois (un peu moins "red is
dead" car il a subi des rénovations).
A peine installés, nous remontons
en selle pour aller faire un tour en centre ville et déambuler dans ses
vieilles rues qui ont conservées le charme de l'Empire austro-hongrois. Nous
aimons cette ville. Le soir, nous sacrifions au rituel de Györ, manger autour du
feu qui a fait cuire nos aliments, un BBQ tout simplement.
Györ, le centre ville |
Dans le centre historique |
Vers l'évêché de Györ |
Lutin casqué sur la grand'place |
Nous ne restons qu'une nuit et
reprenons la route le lendemain pour nous diriger vers la frontière slovaque.
C'est à Györ que nous retrouvons aussi l'EV6, que nous avions abandonnée
quelques jours plus tôt.
Nous retrouvons les pistes
cyclables et les cyclistes de l'EV6, ce qui est nouveau pour nous car nous n'en
avions pas rencontré beaucoup depuis notre départ. Il faut dire que nous sommes
sur le tronçon qui relie Vienne et Budapest.
Dernière nuit en Hongrie |
Nous longeons les routes grâce
aux pistes cyclables et avançons en direction de la frontière. Le soir, nous
passons une dernière nuit à Rajka. Le temps devenu menaçant dans l'après-midi,
devient vraiment furieux en début de soirée et laisse manifester sa colère en la
déversant durant un orage. Comme c'est le soir, nous savons déjà que nous
plierons les affaires mouillées le lendemain matin en quittant le camping.
Nous plions effectivement les
affaires mouillées, nous les ferons sécher lors de notre prochaine étape.
Plus que quelques kilomètres en
Hongrie et nous passons, sans nous en apercevoir, en Slovaquie. Comme quoi, il
est plus facile de quitter la Hongrie que d'y rentrer !!! Pas de barrière
métallique, pas de douaniers, pas de chiens, .... rien qui matérialise la
frontière.
Bratislava, capitale slovaque |
L'EV6, nous conduit tout droit à
Brastislava, ville que nous avions visitée l'année précédente. Nous ne ferons
qu'une halte en Slovaquie (en plus des pauses pipis) pour nous restaurer dans
un restaurant typique du centre ville, un restau de la chaîne du clown aux
arches d'or !!!
Après ces agapes
slovaquo-américaines, nous continuons notre route vers le prochain pays, celui
qui pleut tout le temps lorsque nous y sommes, l'Autriche.
Alors, me direz-vous, pluie ou
pas pluie ?
La réponse pour bientôt.